Trois conseils indispensables pour bien débuter avec Docker et éviter les pièges courants

Guide complet : Trois conseils indispensables pour bien débuter avec Docker et éviter les pièges courants

Vous débutez avec Docker et vous vous sentez dépassé par la complexité des commandes et les bonnes pratiques qui semblent floues ? Vous n’êtes pas seul. Docker, malgré sa popularité croissante dans le monde du développement et de l’administration système, cache souvent ses meilleures pratiques dans une documentation technique dense. Ce guide vous présente trois conseils essentiels qui vous feront gagner un temps précieux et éviteront des erreurs potentiellement coûteuses.

Matériel nécessaire

  • Un ordinateur avec Docker installé (Windows, macOS ou Linux)
  • Un accès à Internet pour télécharger les images Docker
  • Un éditeur de texte pour créer les fichiers de configuration
  • Des connaissances de base en ligne de commande
  • Environ 2 Go d’espace disque libre pour les exemples

1. Utilisez Docker Compose pour les configurations multi-services

Pourquoi Docker Compose est indispensable

La première erreur courante des débutants est de vouloir gérer manuellement plusieurs conteneurs interdépendants avec des commandes Docker individuelles. C’est comme essayer de diriger un orchestre en parlant à chaque musicien séparément au lieu d’utiliser une partition commune.

Docker Compose est un outil qui permet de définir et gérer des applications multi-conteneurs à l’aide d’un simple fichier YAML. Au lieu de jongler avec de longues commandes docker run, vous décrivez votre infrastructure dans un fichier de configuration lisible et réutilisable.

Étapes pour créer votre premier fichier Docker Compose

  1. Créez un répertoire de projet

    Ouvrez votre terminal et créez un nouveau dossier :

    mkdir mon-projet-docker
    cd mon-projet-docker
  2. Créez le fichier docker-compose.yaml

    Utilisez votre éditeur de texte préféré pour créer un fichier nommé docker-compose.yaml. Voici un exemple fonctionnel pour déployer Gitea (un serveur Git) avec une base de données PostgreSQL :

    networks:
      gitea:
        external: false
    
    volumes:
      postgres-data:
      gitea-data:
    
    services:
      server:
        image: docker.gitea.com/gitea:nightly
        container_name: gitea
        environment:
          - USER_UID=1000
          - USER_GID=1000
          - GITEA__database__DB_TYPE=postgres
          - GITEA__database__HOST=db:5432
          - GITEA__database__NAME=gitea
          - GITEA__database__USER=gitea
          - GITEA__database__PASSWD=gitea
          - TZ=Europe/Paris
        restart: always
        networks:
          - gitea
        volumes:
          - gitea-data:/data
        ports:
          - "3000:3000"
          - "2222:22"
        depends_on:
          - db
    
      db:
        image: docker.io/library/postgres:14
        restart: always
        environment:
          - POSTGRES_USER=gitea
          - POSTGRES_PASSWORD=gitea
          - POSTGRES_DB=gitea
        networks:
          - gitea
        volumes:
          - postgres-data:/var/lib/postgresql/data
  3. Analysez la structure du fichier

    Ce fichier définit plusieurs éléments cruciaux :

    • Networks : Crée un réseau isolé pour que les services communiquent entre eux
    • Volumes : Définit des espaces de stockage persistants pour les données
    • Services : Décrit chaque conteneur et sa configuration
    • Environment : Configure les variables d’environnement nécessaires
    • Depends_on : Établit l’ordre de démarrage des services
  4. Lancez votre stack

    Dans le répertoire contenant votre fichier docker-compose.yaml, exécutez :

    docker compose up -d

    L’option -d lance les conteneurs en arrière-plan.

  5. Vérifiez le fonctionnement

    Ouvrez votre navigateur et accédez à http://localhost:3000. Vous devriez voir l’interface de Gitea.

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Avantages de Docker Compose

Cette approche présente plusieurs avantages majeurs :

  • Simplicité : Une seule commande pour démarrer toute votre infrastructure
  • Reproductibilité : Le même fichier fonctionne sur n’importe quel environnement
  • Versioning : Vous pouvez versionner votre configuration avec Git
  • Collaboration : Votre équipe peut utiliser exactement la même configuration

2. Évitez d’exécuter des processus en tant que root

Comprendre le risque de sécurité

L’une des idées fausses les plus dangereuses chez les débutants Docker est de croire que les conteneurs sont complètement isolés. En réalité, exécuter des processus en tant que root dans un conteneur peut compromettre la sécurité de votre système hôte.

Par défaut, les processus dans les conteneurs Docker partagent le même espace de noms UID avec l’hôte. Un processus root dans un conteneur a l’UID 0 sur l’hôte, même si ses capacités sont restreintes. C’est comme donner les clés de votre maison à quelqu’un en espérant qu’il ne les utilisera que pour une seule pièce.

Solutions pour sécuriser vos conteneurs

  1. Utilisez Docker en mode rootless

    La solution la plus robuste est d’installer Docker en mode rootless. Suivez ces étapes :

    Désinstallez Docker s'il est installé en mode root

    sudo apt remove docker docker-engine docker.io containerd runc

    Installez Docker en mode rootless

    curl -fsSL https://get.docker.com/rootless | sh

    Configurez les variables d'environnement

    export PATH=/home/votre-utilisateur/bin:$PATH export DOCKER_HOST=unix:///run/user/1000/docker.sock
  2. Utilisez l’option –user dans vos commandes

    Si vous ne pouvez pas utiliser le mode rootless, spécifiez explicitement un utilisateur non-privilégié :

    docker run --user 1000:1000 mon-image
  3. Définissez un USER dans votre Dockerfile

    Lors de la création d’images personnalisées, ajoutez ces instructions dans votre Dockerfile :

    Créez un utilisateur non-privilégié

    RUN addgroup --gid 1000 monapp && adduser --uid 1000 --gid 1000 --disabled-password --gecos "" monapp

    Basculez vers cet utilisateur

    USER monapp
  4. Considérez l’utilisation de Podman

    Podman est une alternative à Docker qui exécute les conteneurs en tant qu’utilisateur non-privilégié par défaut :

    Installation sur Ubuntu/Debian

    sudo apt update sudo apt install podman

    Utilisation identique à Docker

    podman run hello-world

Vérification de la sécurité

Pour vérifier que vos conteneurs s’exécutent correctement en tant qu’utilisateur non-privilégié :

  1. Lancez un conteneur de test :
    docker run --user 1000:1000 -it ubuntu:latest /bin/bash
  2. Vérifiez l’utilisateur à l’intérieur du conteneur :
    whoami
    id
  3. Tentez d’effectuer une action privilégiée (qui devrait échouer) :
    apt update

3. Simplifiez votre workflow avec des outils d’interface

Le problème des commandes complexes

Les commandes Docker peuvent rapidement devenir très longues et difficiles à mémoriser. Considérez cet exemple réel pour déployer Pi-hole :

docker run 
  --name pihole 
  -p 53:53/tcp 
  -p 53:53/udp 
  -p 80:80/tcp 
  -p 443:443/tcp 
  -e TZ=Europe/Paris 
  -e FTLCONF_webserver_api_password="mon-mot-de-passe-sécurisé" 
  -e FTLCONF_dns_listeningMode=all 
  -v ./etc-pihole:/etc/pihole 
  -v ./etc-dnsmasq.d:/etc/dnsmasq.d 
  --cap-add NET_ADMIN 
  --restart unless-stopped 
  pihole/pihole:latest

Taper cette commande régulièrement interrompt votre flux de travail et augmente le risque d’erreurs.

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Solutions pour améliorer votre productivité

  1. Installez une interface utilisateur graphique

    Option 1 : Docker Desktop

    • Téléchargez Docker Desktop depuis le site officiel
    • Interface graphique complète avec gestion des conteneurs, images et volumes
    • Idéal pour les débutants et les utilisateurs préférant les interfaces graphiques

    Option 2 : Lazydocker (interface terminal)

    Installation

    curl https://raw.githubusercontent.com/jesseduffield/lazydocker/master/scripts/install_update_linux.sh | bash

    Lancement

    lazydocker

    Lazydocker offre une interface textuelle interactive parfaite pour les utilisateurs avancés du terminal.

  2. Configurez l’auto-complétion dans votre shell

    Pour Bash :

    Ajoutez cette ligne à votre ~/.bashrc

    source /usr/share/bash-completion/completions/docker

    Pour Zsh :

    Ajoutez ces lignes à votre ~/.zshrc

    autoload -Uz compinit compinit source <(docker completion zsh)

    Redémarrez votre terminal et testez en tapant docker suivi de la touche Tab.

  3. Créez des alias personnalisés

    Ajoutez ces alias à votre fichier ~/.bashrc ou ~/.zshrc :

    Alias Docker utiles

    alias dps='docker ps' alias dpa='docker ps -a' alias di='docker images' alias drmi='docker rmi' alias dstop='docker stop' alias dstart='docker start' alias drestart='docker restart' alias dlogs='docker logs' alias dexec='docker exec -it' alias dcompose='docker compose' alias dup='docker compose up -d' alias ddown='docker compose down'

    Rechargez votre configuration :

    source ~/.bashrc
  4. Créez des scripts personnalisés

    Pour des tâches répétitives, créez des scripts. Exemple pour gérer un environnement de développement :

    !/bin/bash

    Fichier: dev-env.sh

    case $1 in "start") echo "Démarrage de l'environnement de développement..." docker compose -f docker-compose.dev.yml up -d ;; "stop") echo "Arrêt de l'environnement de développement..." docker compose -f docker-compose.dev.yml down ;; "logs") docker compose -f docker-compose.dev.yml logs -f ;; *) echo "Usage: $0 {start|stop|logs}" ;; esac

    Rendez le script exécutable :

    chmod +x dev-env.sh
    ./dev-env.sh start

Optimisation avancée du workflow

Pour aller plus loin dans l’optimisation :

  1. Utilisez des Makefile

    Créez un fichier Makefile dans votre projet :

    Makefile

    .PHONY: up down logs shell up: docker compose up -d down: docker compose down logs: docker compose logs -f shell: docker compose exec web /bin/bash

    Utilisez ensuite : make up, make down, etc.

  2. Configurez des raccourcis clavier

    Si vous utilisez un terminal moderne comme iTerm2 ou Windows Terminal, configurez des raccourcis pour vos commandes les plus fréquentes.

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Conclusion

Docker n’est pas aussi simple qu’il y paraît au premier regard. Bien qu’excellent pour empaqueter et déployer des applications, il présente des pièges et peut s’avérer difficile à maîtriser sans les bonnes pratiques. Ces trois conseils essentiels vous permettront de :

  • Simplifier la gestion de configurations complexes avec Docker Compose
  • Sécuriser vos déploiements en évitant l’exécution de processus en tant que root
  • Améliorer votre productivité grâce aux outils d’interface et d’automatisation

En appliquant ces recommandations dès le début de votre apprentissage Docker, vous éviterez les erreurs courantes qui peuvent coûter du temps et compromettre la sécurité. N’hésitez pas à expérimenter avec ces outils et techniques pour trouver le workflow qui convient le mieux à vos besoins spécifiques.

Rappelez-vous que la maîtrise de Docker est un processus progressif. Commencez par appliquer ces trois conseils fondamentaux, puis explorez graduellement les fonctionnalités plus avancées selon vos besoins projets.

Rédactrice spécialisée en édition de site. Formation de journaliste et passionnée par les nouvelles technologies, l’intelligence artificielle et la rédaction web.

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